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la convention et l’esclavage

tocrates mais ceux-ci, dont la conscience n’était pas tranquille, protestaient d’avance contre une expropriation qui semblait logiquement inévitable et commençaient tout d’abord la persécution sans merci contre les hommes libres de couleur qui se permettaient de revendiquer leur droit de vote : c’est ainsi que le mulâtre Vincent Ogé, puni seulement pour avoir voulu voter, eut à subir le supplice de la roue.

Cl. P. Sellier.

une sucrerie à saint-domingue


La fureur des propriétaires devint folie lorsque l’Assemblée Constituante, en 1791, toujours insoucieuse du droit des nègres, crut cependant devoir accorder aux gens de sang mêlé, nés de père et de mère libres, le privilège de siéger dans les assemblées coloniales. C’est alors que la plupart des blancs de Saint-Domingue décrétèrent la scission d’avec la France, coupable d’avoir promulgué la « Déclaration des Droits de l’Homme ». De même que les émigrés de Coblenz s’alliaient aux Prussiens et aux Impériaux contre la Révolution, de même, et sous la pression d’intérêts de caste, les planteurs de Saint-Domingue se firent Anglais ou Espagnols contre la mère-patrie.

Les noirs s’agitaient à leur tour comme s’étaient agités les hommes de sang mêlé déjà libres. Ils prirent leur affaire en mains, s’émancipèrent eux-mêmes, chassèrent, égorgèrent çà et là leurs anciens maitres.