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l’homme et la terre. — contre-révolution

repoussa la constitution que les Cortès avaient votée en 1812, pendant la guerre d’insurrection contre les Français, et se déclara maître absolu. L’inquisition, rétablie, se mit à fonctionner non seulement contre les hérétiques, mais aussi et surtout contre les libéraux ; les prisons s’emplirent ; des milliers d’Espagnols, et des meilleurs, prirent le chemin de l’exil. Mais le besoin de liberté qui agitait la nation dans ses profondeurs, conséquence logique de l’héroïsme persévérant qu’elle avait montré dans sa guerre d’indépendance, était trop impétueux, trop général pour que le roi, pauvre personnage ignare, inintelligent et lâche, pût trouver en soi et dans son entourage de confesseurs jésuites les ressources nécessaires à la lutte.

Cl. J. Kuhn, édit.

le rocher de gibraltar
Vue prise du fond de la baie d’Algésiras.

Des révoltes éclatèrent sur tous les points de l’Espagne et la guerre de partisans recommença comme au temps de Napoléon. Même l’armée se retourna contre le régime des prêtres. Riego s’empare (1820) des forts de l’île de Léon qui commandent au sud les abords de Cadiz, et l’hymne que chantent ses soldats est repris avec enthousiasme en Galice, en Biscaye, en Navarre, à Mureie et à Madrid ; on brûle