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soulèvement de l’espagne

les cachots de l’Inquisition, on se met en marche vers le palais du roi.

Alors l’histoire se répète, et les péripéties qui s’étaient déroulées en France à la veille de la Révolution se reproduisent en Espagne. Le roi effrayé promet le
la grotte de calypso dans l’île de péréjil[1]
rétablissement de la constitution de 1812 et renouvelle son serment au peuple entassé devant le pavillon royal. L’Inquisition est abolie par décret, et les prisons rendent leurs captifs ; même deux martyrs, qui souffrent encore des suites de la torture subie dans les cachots du Saint-office, siègent comme ministres dans le conseil ; on abolit les majorats ; les couvents, dans lesquels s’était accumulée la richesse du pays, sont obligés d’en rendre une part. La bourgeoisie triomphante se fait courtoise et parlementaire, tandis que le roi, ruminant sa vengeance, machine des conspirations avec la « junte apostolique » de l’intérieur et avec les souverains étrangers. C’est alors qu’on vit ce curieux spectacle d’une armée française pénétrant en Espagne (1823) pour y accomplir une mission analogue à celle dont l’armée de Brunswick avait été chargée en France au commencement de la grande Révolution : le duc d’Angoulême, neveu du roi Louis XVIII, commandait les forces d’invasion,

  1. Gravure empruntée à Les Phéniciens et l’Odyssée par Victor Bérard, librairie Armand Colin.