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migrations des polynésiens

forts, aimables, généreux, pacifiques. Mais il n’en était pas ainsi, sauf en quelques îlots privilégiés, où la population, formant un monde bien à part en des conditions parfaitement égalitaires, en était arrivée à ne plus connaître la distinction entre le tien et le mien. La belle ambiance du sol, des eaux et des airs ne devient éducatrice qu’avec l’aide des hommes qui savent l’interpréter et lui donner une âme pour ainsi dire.

Cl. H.-B. Guppy.

maisons sur pilotis, ile fauro (archipel salomon)


Or les enseignements reçus avaient été surtout ceux de la guerre, et les formes de conflit variaient en chaque île, suivant les mille circonstances du contact primitif. La répartition de la population en des terres éloignées les unes des autres, constituant toutes un milieu spécial bien caractérisé, avait déjà pour conséquence de donner à chaque peuplade un caractère particulier, puis à ces contrastes s’ajoutaient ceux que créaient les vicissitudes de l’immigration. Malgré l’origine commune, malgré la ressemblance des langues, dérivées de la même souche, l’évolution suivit en chaque domaine des voies propres : les Mélanésiens ne ressemblent que fort peu aux Havaïiens, les gens des Marquises contrastaient beaucoup avec ceux des îles de la Société, les Samoans et les Maori