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Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome VI, Librairie universelle, 1905.djvu/174

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l’homme et la terre. — le nouveau monde et l’océanie

disait au voyageur Lloyd[1] : « Ils sont venus ici pour nous enseigner à prier Dieu, et, pendant que nos yeux étaient levés vers le ciel pour invoquer le Seigneur, ils nous ont escamoté la terre de dessous les pieds ».

Cl. J. Kuhn, Paris.

nouvelle-zélande, source incrustante de rotomahana

Les potentats religieux ne se bornaient pas à traduire la Bible et à la faire réciter aux indigènes ; de même que les Mahométans, ils avaient extrait la loi tout entière de leur livre sacré, en s’aidant des précédents de la justice anglaise : droit agricole, droit commercial, pénalité, tout avait été réglé par eux d’une manière absolue, et telle était la rigueur de leur surveillance que leurs agents étaient autorisés à pénétrer à toute heure dans les habitations. Leur principal moyen d’investigation était l’espionnage : leur enseignement chrétien s’accommodait parfaitement d’encourager les délateurs. En outre, un esprit d’avidité financière pénétrait l’ensemble de leur code, l’amende, plus ou moins forte, était la seule peine prononcée pour tous les délits ou crimes, à l’exception des révoltes politiques, punies du bannissement. La pauvre

  1. Henry Demarest Lloyd, National Geographical Magazine, sept. 1902.