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l’homme et la terre. — la culture et la propriété

tence d’aucun intérêt intermédiaire entre ceux de la nation et ceux de l’individu. L’Etat, un et indivisible, régnant sur une poussière de particuliers, voilà l’idéal. Le département, l’arrondissement, le canton, la commune ne devaient être que des expressions administratives et il fallait que la Loi veillât à détruire tous les anciens liens entre les unités formant un même groupement. Aussi la Convention décréta-t-elle la vente de tous les terrains communaux ; seulement son existence fut trop courte pour qu’elle réussît partout. Là où des conditions géographiques favorisaient les domaines collectifs, ils ont persisté jusqu’à nos jours.

Cl. Nels, Bruxelles.

paysage d’ardenne, au bord de la semois

En fait, il n’est pas un seul pays d’Europe où les traditions de l’ancienne propriété communautaire aient entièrement disparu ; en certaines régions, notamment dans les Ardennes et dans les parties escarpées de la Suisse, où les paysans n’eurent pas à subir un écrasement pareil à celui qui frappa les villageois allemands après les guerres de la Réforme, les propriétés communes sont encore assez étendues pour constituer une part considérable du territoire.

Dans les Ardennes belges, le territoire collectif comporte trois parties : le bois, le sari et le pâturage, auxquelles s’ajoutent souvent la terre arable et les carrières. Les bois, qui forment la plus grande partie de la propriété, sont divisés en un certain nombre de coupes, vingt à vingt-deux en général. Tous les ans une coupe est divisée par voie du