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survivance des communaux

sort entre les différents feux de la commune, l’écorce des chênes ayant été préalablement enlevée au profit de la caisse communale. Pour le travail du gros bois, les familles sont réparties en groupes de cinq et dans ceux-ci chacune d’elles à tour de rôle se charge de l’abatage, de l’équarrissage, du transport. Après la coupe, chacun procède à l’essartage de la portion de terrain qui lui est échue et sème le seigle qu’il récolte l’année suivante. Deux ans et demi après la récolte du seigle, les habitants se partagent les genêts qui ont poussé dans les sarts, après quoi la coupe qui a déjà repris un certain développement est laissée à elle-même jusqu’à ce que recommencent les mêmes opérations. La pâture se fait sans organisation spéciale et en commun dans les terrains incultes, dans les bois de haute futaie et dans les taillis six ou sept ans après la coupe ; les pierres s’extraient librement des carrières, sauf avis préalable.

Cl. Nels, Bruxelles.

un village des ardennes belges

Ces coutumes influent manifestement sur le caractère moral des individus et développent grandement l’esprit de solidarité, de complaisance mutuelle et d’affabilité cordiale ; c’est ainsi qu’il est d’usage de pratiquer les corvées volontaires au profit de ceux qui en ont besoin ; il suffit à ceux-ci d’énoncer leur demande en bassinant à travers le village, et clamant : « Un tel a besoin de tel service ! Qui est-ce qui veut s’en charger ? » Et immédiatement plusieurs sont là se concertant pour voir