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Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome VI, Librairie universelle, 1905.djvu/327

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légumes et fruits

des arbres et que personne ne se donne la peine de ramasser, parce que, dans le district même, tous en ont en surabondance et que l’exportation, la conservation et la préparation en gelées, pâtes ou confitures coûteraient trop cher. Dans les vergers du Delaware, on enterre des millions de pêches au pied des arbres ; dans
nodosités sur une racine de légumineuse
Ces nodosités, représentées ici aux deux tiers de la grandeur réelle, d’après le National Geographical Magazine, 1904, sont dues à des bactéries (Rhizobium leguminosarum) qui fixent l’azote atmosphérique. La décomposition de ces racines enrichit donc le sol. La racine de la gravure provient d’un champ d’expérience soigneusement inoculé.
les ports des Antilles et de l’Amérique centrale, on jette à l’eau tous les chargements de bananes que les acheteurs des grands navires refusent d’emporter. Dans les rues des cités brésiliennes, les gamins lancent leurs oranges à terre pour se disputer le port d’un parapluie.

Un très simple calcul, reproduit des milliers de fois depuis Humboldt, établit que tout le genre humain trouverait amplement à se nourrir du produit des bananeries de la zone tropicale. Le sucre, si indispensable à l’alimentation de l’homme, est aussi fourni par les plantes, canne, betterave, érable ou sorgho, et représente, pour l’Europe seule, la masse énorme de 6 millions de tonnes, qui, pourtant, répartie entre la population des continents, ne donnerait guère par tête et par jour, sous la forme de sucre cristallisé, qu’une quarantaine de grammes, ce qui, d’ailleurs, suffit très largement à une bonne hygiène.