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Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome VI, Librairie universelle, 1905.djvu/387

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empoisonneurs publics

restent dans les pays contaminés sont devenus très inférieurs physiquement à ceux de l’intérieur, ils sont grêles, rabougris, inintelligents ; les infirmités et les maladies en font une race abâtardie[1]. Ces considérations ont dû sans doute contribuer secondairement à décider les puissances au relèvement des droits d’importation sur les spiritueux vendus aux colonies africaines, mais la raison majeure de cette décision fut que le commerce des alcools finit par détruire tous les autres commerces, d’abord en supprimant la force physique et morale des indigènes, puis en les faisant disparaître.

les écluses du canal de sault-sainte-marie, entre le lac supérieur et le lac huron

Parmi les statistiques de transport par eau, celles du canal de Sault accusent, et de beaucoup, les chiffres les plus élevés. Pour 1905, on donne le total de 44 millions de tonnes (6 millions en 1888, 21 millions en 1898) valant deux milliards de francs. C’est plus de deux fois le mouvement du port de Londres, mais il serait bon de savoir comment ces chiffres sont obtenus.

Non seulement le commerce, dans la pratique ordinaire, est mensonge et fraude, mais aussi, par l’ignoble réclame, le commerce est inutilité, obsession et laideur. Tandis que dans l’industrie, la concurrence consiste en grande partie à découvrir de nouveaux procédés, à inventer des ma-

  1. Actes de la Conférence pour la révision du régime des spiritueux en Afrique, tenue à Bruxelles en 1899.