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l’art et le travail

ment réalisées. La variété infinie des formes architecturales répondra aux mille exigences de la vie ; mais cette variété ne devra point nuire à la majesté et au bel exemple des édifices. C’est ici le lieu sacré où le peuple entier, se sentant exalté au-dessus de lui-même, tentera de diviniser son idéal collectif par toutes les magnificences de l’art et de l’art complet qui suscitera tout le groupe des Muses, aussi bien les plus graves, présidant à l’harmonie des astres, que les plus légères et les plus aimables, enguirlandant la vie de danses et de fleurs.

Musée du Louvre.Cl. J. Kuhn, Paris.

danse de bergers de sorrente, par corot (fragment)

Tout cela, science et art, fut désigné jadis sous le nom de « musique », et, dans le haut sens du mot, c’est bien la musique en son ensemble telle que la comprirent les peuples primitifs qui précédèrent les Hindous, les Thraces et les Grecs. Avant d’avoir été convertis par les Maristes et disciplinés par les gardes-chiourme, les Kanakes de la Nouvelle-Calédonie jouaient de la flûte au milieu des champs « pour encourager les plantes à germer et les fruits à mûrir »[1].

N’est-ce pas là, sous une autre forme, et peut-être plus gracieuse

  1. Moncelon, Mélanésie française.