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ère nouvelle de paix sociale. Le ferme propos que voulons réaliser n’est point d’employer « les boyaux du dernier prêtre à tordre le cou du dernier roi ! », mais de faire en sorte que ni prêtres ni rois ne puissent naître dans l’atmosphère purifiée de notre société nouvelle.

Logiquement, notre œuvre révolutionnaire contre l’Église commence par être destructive avant qu’elle puisse devenir constructive, bien que les deux phases de l’action soient interdépendantes et s’accomplissent en même temps, mais sous divers aspects, suivant les différents milieux. Certes, nous savons que la force est inapplicable pour détruire les croyances sincères, les naïves et béates illusions ; nous ne chercherons point à entrer dans les consciences pour en expulser les troubles et les rêves, mais nous pouvons travailler de toutes nos énergies à écarter du fonctionnement social tout ce qui ne s’accorde pas avec des vérités scientifiques reconnues ; nous pouvons combattre incessamment l’erreur de tous ceux qui prétendent avoir trouvé en dehors de l’humanité et du monde un point d’appui divin, permettant à des castes parasites de se grimer en intermédiaires dévotieux entre le créateur fictif et ses créatures.

Puisque la crainte et l’épouvante furent de tout temps les mobiles qui asservirent les hommes, — ainsi que rois, prêtres, magiciens et pédagogues l’ont eux-mêmes répété sous tant de formes diverses, — combattons incessamment cette terreur des dieux et de leurs interprètes par l’étude et par l’exposition de la sereine clarté des choses. Faisons la chasse à tous les mensonges que les bénéficiaires de l’antique sottise théologique ont répandus dans l’enseignement, dans les livres, dans les arts. Et n’oublions pas d’enrayer le vil paiement des impôts directs que le clergé nous extorque, d’arrêter la construction des chapelles, des reposoirs, des églises, des croix, des statues votives et autres laideurs qui déshonorent nos villes et nos campagnes. Tarissons la source de ces millions qui, de toutes parts, affluent vers le grand mendiant de Rome et vers les sous-mendiants innombrables de ses congrégations. Enfin, par la propagande de chaque jour, enlevons aux prêtres les enfants qu’on leur donne