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l’homme et la terre. — familles, classes, peuplades

derrière leur génitrice et contribuer ainsi à lui donner peu à peu la direction de la famille, que des circonstances heureuses développaient en pouvoir social et même politique. Le père étant inconnu, ou du moins négligé comme un être d’aventure, la mère réunissait autour de son foyer ceux qu’elle avait allaités et dressés à la vie. La maternité se développait ainsi au milieu de la barbarie primitive et donnait la première impulsion à la civilisation future[1]. Sur les côtes de l’Amérique méridionale, où les liens de la famille sont très relâchés pour la plupart des hommes, et où prévaut une semi-promiscuité, le matriarcat s’organise naturellement[2].

Musée du Louvre.

combat des amazones
Bas-Relief antique. — Fragment d’un bouclier.

L’influence capitale de l’enfant sur la constitution du matriarcat restant hors de doute, il est certain que l’action du milieu géographique doit avoir eu aussi quelque part dans cette évolution sociale. Ainsi dans les pays où la cueillette des fruits et la recherche des racines furent le principal moyen de trouver la nourriture, les femmes, que leurs fonctions de mères et de nourrices indiquaient déjà pour occuper le premier rang, avaient aussi d’autres chances en leur fa-

  1. Elie Reclus, République Française, 23 fév. 1877.
  2. Liard-Courtois, Après le Bagne, p. 117.