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l’homme et la terre. — potamie

— d’autres savants déchiffreurs des signes cunéiformes lisent « gens du sud » et « gens du nord » —, mais à l’époque où ces premières inscriptions furent gravées sur la brique, les montagnards ou Akkadiens avaient déjà terminé leur mouvement d’émigration vers la plaine : ils vivaient à côté, surtout au nord, des Sumiriens ou Sumériens, dans les campagnes baignées par les deux grands fleuves. L’un et l’autre peuple
brique babylonienne avec inscription gravée
paraissent avoir parlé des langues de même origine, et leur rôle était prépondérant en comparaison des gens d’autre race, des Sémites par exemple, qui habitaient alors la contrée. C’est donc eux, les Akkadiens, pour les embrasser sous un seul nom, que nous devons regarder comme nos ancêtres spirituels pour les acquisitions du savoir qui se succédèrent dans les campagnes de la Mésopotamie et se transmirent d’un côté à la vallée du Nil (Maspero, Hommel, etc.) et de l’autre aux vallées du Hoang et du Yangtse (Terrien de la Couperie).

Un témoignage de l’ancienne hégémonie des Akkadiens nous est fourni par la nomenclature géographique : c’est à eux que l’on attribue la plupart des noms de lieux dans la toponymie antique, et tout spécialement ceux des deux grands fleuves. L’Euphrate n’est autre que le Purâtu, ayant en akkad le sens de « lit fluvial ». Le mot désignant le Tigre, Iddigla, transformé par les Assyriens en Diglat, qu’on retrouve encore de nos jours dans le Didjeil, canal d’irrigation, et par les Israélites en Hiddegel, avait dans la langue akkadienne une signification analogue[1].

  1. Fried. Delitzsch, Wo lag das Paradies, p. 169, 171 ; Fr. Lenormant, Les Origines de l’Histoire, tom.II, pp. 535, 536.