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habitants de l’égypte

l’Asiate jaune, le nègre et l’Européen, l’homme blanc ayant « le nez droit ou légèrement voussé, les yeux bleus, la barbe blonde ou rousse, la taille haute et très élancée, vêtu de peaux de bœuf conservant encore leur poil, véritable sauvage tatoué sur diverses parties du corps ». Les momies royales présentent des types ethniques différant beaucoup les uns des autres. D’après Myer[1], le squelette de Hennekht (?)
Cl. Lekegian.
type d’égyptienne
laisse supposer une origine nègre ; Thutmos III pourrait au contraire être pris pour un Européen.

A une cinquantaine de kilomètres au nord de Thèbes, sur les bords d’un lit desséché du Nil, l’archéologue Flinders Petrie a découvert les restes d’une station d’hommes paléolithiques ayant vécu probablement entre la septième et la neuvième dynastie, c’est-à-dire il y a près de cinq mille années. Ils doivent avoir été assez répandus dans cette région de l’Egypte, car on trouve de leurs flèches et autres instruments à de grandes distances au nord et au sud du campement principal. Sans prognathisme, le nez aquilin, la barbe longue, pointue, et la chevelure ondulée, ils n’appartenaient certainement pas à la race nègre. Peut-être avaient-ils des pratiques d’anthropophagie religieuse, car on ne saurait expliquer autrement pourquoi les mains et les têtes manquent à tous les cadavres retirés des fouilles. Parfois les corps étaient dépecés et l’on plaçait en tas ici les côtes, là les vertèbres[2]. En dépit de leurs rites sanglants, ces inconnus devaient avoir une civilisation matérielle assez avancée, à en juger

  1. Man, oct. 1901.
  2. Edinburgh Royal Society.