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tombes et pyramides

Uniques parmi les tombes égyptiennes sont les étonnantes pyramides dont, pendant des milliers d’années, l’une resta le plus haut édifice élevé par les hommes et qui, par leur forme même, apparaissent indestructibles. « Peut-être ces gigantesques sarcophages, les monuments les plus anciens du monde, survivront-ils à tous les autres », dit un auteur[1] parlant avec quelque emphase de ces constructions

coupe de la grande pyramide

1. Entrée de la Pyramide.
2. Grand passage.
3. Chambre de la reine.
4. Chambre du roi ou du sarcophage.
5 et 6. Canaux de ventilation.

7. Chambre souterraine.

qui ne furent point des premières, ayant été évidemment imitées des temples à degrés érigés sur les bords du Tigre et de l’Euphrate. Les générations qui se sont succédé depuis que ces énormes amas de pierres se dressent sur la limite du désert libyen ne sont point revenues de la stupeur que leur ont causée ces prodigieux entassements, et des légendes obstinées font intervenir dans cette œuvre tantôt les génies d’en haut, tantôt les démons d’en bas ; d’autre part, maints esprits d’élite, auxquels répugnait l’idée que pour le cadavre d’un seul homme on eût employé le travail de tout un peuple pendant des années, se sont refusé à voir de simples tombeaux dans les hautes masses des pyramides. On y a cherché des monuments d’ordre scientifique, témoignant des connaissances auxquelles les Egyptiens étaient parvenus, il y a des milliers d’années, à l’aurore de l’histoire. Certes, les « pierres parlent » : elles disent que les constructeurs de la vallée du Nil pouvaient tailler leur matériaux avec une étonnante précision et qu’ils avaient la solution de maint problème géométrique ; ils avaient aussi, comme leurs devanciers des fleuves chaldéens, des no-

  1. Gustave Lebon, Les premières Civilisations, p. 11.