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l’homme et la terre. — égypte

durci. Ces humbles bâtisses en bois et en boue, types encore imités pour les demeures où sont blottis les fellâhin de nos jours, se voyaient à peine au pied des énormes tombeaux pharaoniques, et pourtant les moins misérables de ces huttes servirent de modèle aux premiers édifices —
colonne du temple de karnak
telles les portes d’hypogée — qui témoignent d’un certain souci de l’architecture. L’ornement extérieur de ces petits monuments de pierre consiste en bandes alternativement horizontales et verticales, ressemblant à des troncs de palmiers entrecroisant leurs extrémités à l’angle d’une cabane : l’habitation des morts avait été faite d’après le même type que celle des vivants.

Les souvenirs de l’architecture primitive des laboureurs se retrouvent aussi dans les colonnes des temples. Suivant les régions, ces piliers de soutènement sur lesquels on refît poser les voûtes furent nécessairement ou bien des fragments verticaux détachés du rocher ou bien de puissants troncs d’arbres, beaucoup moins lourds que la pierre et cependant moins fragiles et plus résistants. Mais on aurait tort de s’imaginer que les chapiteaux en forme de fleur de lotus aient été dès l’origine une