Page:Reclus - L’Homme et la Terre, tome 2, Librairie Universelle, 1905.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
205
architecture égyptienne

imitation. Il n’est pas admissible que les architectes égyptiens aient eu tout d’abord l’idée saugrenue de figurer une fleur pour supporter l’énorme poids de l’architrave et de toute la partie supérieure des édifices. Les changements graduels accomplis pendant un nombre illimité de siècles ont dû accoutumer peu à peu les bâtisseurs à l’idée bizarre, illogique, d’assimiler des colonnes, toujours si lourdement chargées, à des plantes se développant joyeusement dans l’air.

temple de ombos (kum-umbu)

Un élément de la transition naturelle qui s’accomplit dans le style des colonnes et dans l’accoutumance du regard à sa forme finale est dû à ce fait que les Egyptiens enguirlandaient de fleurs aux jours de fêtes les colonnes de leurs temples[1] : or l’une des plus aimées était celle du lotus, symbole du soleil, car on répétait volontiers que l’astre et son image florale disparaissaient également chaque nuit, pour renaître au matin. Aux guirlandes naturelles succédèrent des peintures de fleurs faites sur des panneaux de bois

  1. G. Perrot et Ch. Chipiez, Histoire de l’Art dans l’Antiquité. Tome I, p. 584 ; — G. Foucart, Histoire de l’Ordre lotiforme.