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travaux et richesses des ptolémées

leur aise tous leurs caprices de goût et de fantaisie d’amateurs artistes. Ainsi Ptolémée Philadelphe, très curieux d’histoire naturelle, aurait établi un jardin zoologique près d’Alexandrie, et des navires spéciaux allaient chercher des éléphants sur les côtés du Somal pour les transporter dans
peinture grecque
Panneau de bois recouvert de cire peinte datant du IIe siècle de l’ère vulgaire et trouvé par Flinders Petrie dans les tombes de Hawara.
la basse Égypte par la voie de la mer Rouge et du canal : ces navires, qui tenaient la mer assez difficilement et qui cherchaient à raser la côte, échouaient souvent sur des bancs de corail. La chasse aux éléphants pour le recrutement des expéditions de guerre prit une telle extension dans le « pays des Ichtyophages  », c’est-à-dire sur les côtes d’Afrique situées en dehors de la mer Rouge, que le troisième Ptolémée, craignant l’extermination de ces pachydermes, recommandait à ses voyageurs de dicter aux indigènes des mesures de prudence[1].

Devenue le foyer central du commerce, Alexandrie était aussi le principal lieu de réunion des hommes de savoir et de pensée ; elle était une nouvelle Athènes. Au milieu de cette foule de sujets et de visiteurs illustres, les Ptolémées se trouvaient naturellement entraînés à grouper autour d’eux et à accorder des faveurs spéciales à ceux de leurs contemporains qu’ils jugeaient aptes, par des flatteries ou des services, à rehausser le prestige royal. Appelés autour de Ptolémée Soter, dans l’édifice qu’il avait consacré aux Muses et que recouvrent maintenant les décombres accumulés par les pillages et les incendies, les savants et les philosophes grecs, appartenant d’ailleurs aux écoles les plus

  1. J. P. Mahaffy, ouvrage cité, p. 216.