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journal de la commune

Nous nous trompions. Ils ne sont pas venus. Ils sont restés à Versailles, faisant la sourde oreille au tonnerre du bombardement, au roulement de la fusillade. Ils n’ont pas voulu s’apercevoir que les monarchistes se sont rués sur la grande et noble cité républicaine pour l’assassiner. Ils ont oublié qu’ils sont les représentants de Paris, pour n’être plus à Versailles que des députés quelconques. Cela nous est douloureux à constater. Ils étaient bien haut dans notre estime, ils sont tombés bien bas.

Parmi eux tous, un seul à notre connaissance est venu à Paris, un seul a agi, un seul s’est employé pour la paix, c’est Victor Schœlcher. Nous n’étions pas très contents de lui pendant le siège, en novembre, en janvier, sa conduite ne nous plaisait guère, nous lui reprochions avec amertume d’avoir si maladroitement endossé le parjure de l’amiral Saisset, affiché à vingt mille exemplaires. — Nous faisions, nous faisons nos réserves sur les actes de notre mandataire Schœlcher, mais au moins fait-il ce qu’il peut. Il y a trois jours, il a publié avec ses jeunes collègues Floquet et Lockroy la proposition à l’Assemblée d’un traité de paix.

Ce projet nous offense car il proclame le droit de Versailles et le tort de Paris, ce projet nous ne l’accepterions pas ; mais en le refusant, nous dirions à son auteur : « nous ne pouvons nous entendre, mais nous vous savons gré de vos bonnes intentions. »

Voici les passages principaux de la proposition Schœlcher :

« L’Assemblée, bien qu’elle ait le droit de son côté, ne peut avoir la criminelle pensée d’assiéger Paris… Si elle tentait de prendre la capitale de vive force, à coups de canons, elle trouverait sur ses remparts les adversaires même les plus déterminés de la Commune, dont le devoir serait alors de protéger 1 500 000 hommes, femmes, enfants, vieillards qui ne s’occupent pas de politique, qui ne sont nullement responsables de la résistance des communalistes au pouvoir central, et dont un grand nombre périrait au milieu des implacables combats de la guerre civile…

« La Commune, de son côté, quoiqu’elle soit maîtresse souveraine de la ville, doit s’avouer que le Gouvernement a su se faire une armée fidèle et que, sans officiers, sans gé-