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journal de la commune

lui rendre le calme et la force et la renvoyer jusque-là toute discussion sur la forme du gouvernement.

« Jusque-là, il l’a engagée à conserver et à pratiquer la République, qu’il a promis de défendre et de faire respecter.

« Ce pacte a été accepté.

« Il a été tenu, il le sera loyalement.

« La majorité de l’Assemblée, essentiellement conservatrice, comprend que rien ne serait plus fatal au pays qu’une compétition personnelle du pouvoir. Elle repousse avec horreur une restauration impérialisée, et convaincue que d’autres prétentions seraient un signal de discorde, elle s’efforce honnêtement d’opposer aux malheurs qui nous accablent l’action collective de la nation entière, unie dans un même intérêt de salut, et seule assez forte pour surmonter l’effroyable tempête que l’Empire, l’invasion et la sédition ont déchaînée.

« Si telle est sa ligne politique, qui a le droit de la blâmer, et comment ne pas reconnaître que ruiner son autorité, c’est détruire la République qui repose uniquement sur le consentement de la majorité nationale ?

« Entre l’Assemblée, représentant la République et la légalité, et la Commune, personnification de la dictature arbitraire et sanglante, il n’y a pas d’alternative.

« Paris a pu juger les maîtres odieux qu’il s’est donnés — il les voit à l’œuvre — , dignes imitateurs du 2 décembre, dont ils sont les complices, dont ils préparent le retour. Ils procèdent par l’assassinat sur les boulevards, les arrestations, les perquisitions domiciliaires ; toute leur théorie est dans le culte aveugle de la force. Si leur régne détestable durait, ce serait celui de la destruction et de la mort.

« La France périrait dans de honteuses convulsions.

« Et c’est pour eux que les élus du suffrage universel sont proscrits, décrétés de mort et de confiscation ; c’est pour eux que les citoyens marchent contre les soldats : c’est pour eux que nos forts vomissent la mitraille, que nos généraux sont immolés ! La postérité ne voudra pas le croire ; elle se demandera avec stupeur comment cette orgie sauvage a été un instant possible, comment la population de Paris, si intelligente, si patriote, si intéressée au maintien de la loi et au respect de la justice, ne s’est pas immédiatement ran-