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journal de la commune

nationaux ; ils ne sont point des avocats, des journalistes, des hommes de lettres, des politiciens de profession. Très connus dans leur quartier, ils sont inconnus au Ministère de l’Intérieur, au Ministère des Affaires Étrangères, dans les salons du grand monde, et dans les cercles diplomatiques. Si le Comité est au pouvoir aujourd’hui, ce n’est pas lui, c’est M. Thiers qui en est la cause. M. Thiers manigance une scélératesse et la scélératesse se retourne contre lui. M. Thiers complote avec ses généraux l’assassinat de la République et la destruction de la garde nationale. Mais il advient que le faux M. Thiers a fait un faux calcul — la garde nationale n’est pas encore détruite, elle triomphe au contraire pour le quart d’heure. C’est donc la garde nationale qui prend le pouvoir en la personne du Comité central.

En se retirant à Versailles au galop de leurs chevaux, MM. Jules Favre, Dufaure, Ernest Picard, Jules Simon, l’amiral Pothuau, le général Leflô lancent un Manifeste aux gardes nationaux pour dénoncer le Comité central que personne ne connaît. « Sont-ils communistes ou bonapartistes ou Prussiens ? Sont-ils les agents d’une triple coalition ? Quels qu’ils soient ce sont les ennemis de Paris qu’ils livrent au pillage, de la France qu’ils livrent aux Prussiens, de la République qu’ils livreront au despotisme… Voulez-vous prendre la responsabilité de leurs assassinats et des crimes qu’ils vont accumuler ? Alors, restez chez vous ! » C’est-à-dire que ces Messieurs s’esbignent, mais ils font un crime aux gardes nationaux de rester chez eux ; et dès qu’ils se sont réfugiés derrière les triples batteries du palais de Versailles, ils crient à la population de Paris par l’organe du journal officiel : « Debout contre les assassins ! Debout contre les stipendiés de l’ennemi et du despotisme ! Debout pour leur infliger le juste châtiment qu’ils méritent ! »


Paris, 22 mars 1871.

Le gouvernement légitime a mis vingt-cinq kilomètres de distance entre ses précieux personnages et les assassins de Batignolles-Belleville. Mais cela n’a point suffi : il met