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journal de la commune

L’honnête homme prétend faire son examen de conscience. Il appelle la France, il invite le monde à écouter sa confession, il prend le ciel à témoin de sa sincérité, il veut se confesser, il a besoin que ses frères lui donnent l’absolution. Il prend son cœur à la main, et, comme l’escamoteur retroussant ses manches, il le tourne et retourne. « Ni truc, ni escamotage, pas de fraude, pas de double poche. Messieurs et Mesdames, veuillez prendre la peine de le constater vous-mêmes ? » Eh bien ! qu’y a-t-il dans ce cœur dont je vais mettre à nu les derniers replis devant vos yeux ? Ah ! regardez, je vous prie, regardez encore… Il n’y a dans mon cœur que mon admiration pour l’armée, notre honneur et notre gloire, pour l’armée qui est toujours la splendeur du pays, le plus solide appui de ses destinées et des nobles principes qu’il représente… (applaudissements.) L’armée, Messieurs, grande et puissante par son organisation, par le sentiment qu’elle a de ses devoirs, par le choix des nobles chefs qui la commandent… Loyauté, honneur, capacité, voilà le noble état-major de notre armée ; des hommes qui se sont montrés supérieurs à la fortune et qui ont prouvé que, s’ils avaient été bien dirigés, ils nous auraient rendu non une France vaincue mais une France victorieuse ; commandée qu’elle est par ce brave Maréchal Mac-Mahon, le chevalier sans peur et sans reproche… »

— « Ce qu’il y a dans mon cœur. Messieurs, il y a mon admiration fervente pour vous. Vous n’êtes pas un parti, ainsi que disent vos ennemis, mes ennemis, mais vous êtes la nation tout entière, chacun de vous ne vaut pas moins de 50 000 hommes. Quand donc la Liberté s’est-elle jamais présentée sous une forme plus radieuse qu’aujourd’hui sous la forme des Batby et des Gavardie, des Gaslonde, des Dahirel et des Audren de Kerdrel, sous la forme d’une Assemblée librement élue ? Dites-moi s’il y a République qui vous vaille, si vous n’êtes pas plus la République que ne le serait la République elle-même ? — Et c’est le jour que nous avons la félicité de vous avoir pour dominateurs, c’est le jour où vous êtes arrivés si près de la vraie et pure République, et je dirai même au-delà des limites qu’on aurait pu rêver, c’est ce jour-là qu’on viendrait encore nous dire qu’il faut songer à la Liberté ?

« Je dis à vos adversaires : « Que voulez-vous ? Le main-