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journal de la commune

représenté. « Dans le conflit qui s’agite en son nom, Paris n’a pas la parole, Paris est en guerre, il reçoit et envoie des obus, sa population tout entière est requise pour le combat, et il n’a été consulté par personne pour dire si ça lui convenait ou ne lui convenait pas ».

En conséquence et comme moyen de conciliation avec Versailles, le Temps et, après lui, quelques journaux réclament :

L’élection d’une municipalité nouvelle dans les formes de la loi votée par l’Assemblée ( !), avec mandat de traiter avec Versailles sur les bases du maintien de la République, des libertés municipales et d’une amnistie complète et générale. Et au préalable une trêve de 23 jours.

Peu auparavant, le Temps avait proposé un moyen également pratique de tout concilier : Que M. Thiers nommé Dictateur par l’Assemblée, que M. Louis Blanc, nommé Dictateur par la Commune arrangent vitement nos affaires et nous bâclent une bonne paix !

Il y a manque de bonne foi ou il y a faiblesse d’esprit à proposer des solutions impossibles et à récriminer ensuite contre ceux qui ne les exécutent pas. — Il faudrait cependant laisser là les phrases creuses, comme le dit le Temps lui-même, et se rappeler un peu que le sang coule autour de Paris. Comment reprocher à la Commune qu’elle ne transige pas, puisque M. Thiers ne veut pas transiger, puisque l’Assemblée hurle et aboie contre tout pacificateur. Pourquoi reprocher à la Commune de se défendre à outrances, quand on l’attaque à outrance ! — Si on proposait à Paris une transaction équitable, croyez-vous que la Commune venant à la refuser pourrait tenir quarante-huit heures seulement contre tous les commerçants et industriels du dedans et du dehors, contre l’explosion d’indignation de la France et de l’Europe, et, sans aller plus loin, contre la volonté de ces gardes nationaux, époux et pères de famille, qui ne vont aux massacrades de Neuilly, de Vanves, d’Issy et de Montrouge que par sentiment du devoir, qui ne vont exposer leur vie et l’existence même de leurs enfants que parce qu’ils savent la République menacée et le pouvoir légal entre les mains des monarchistes ? Les mystificateurs prétendent que le plaisir du garde national à jouer au soldat est tel qu’il préfère trente sous par jour à manœuvrer