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journal de la commune

tions, l’une à Versailles, accommodée au goût Versaillais, et l’autre à Paris, avec des variantes dans le goût parisien.

Le 18 avril, la Commune, considérant qu’il est impossible de tolérer dans Paris assiégé des journaux qui prêchent ouvertement la guerre civile, donnent des renseignements militaires à l’ennemi et propagent la calomnie contre les défenseurs de la République, a décidé la suppression de la Cloche, du Soir, du Bien Public et de l’Opinion Nationale.

Profitant de la négligence de la Commune qui, novice encore en matière de mesures répressives, n’avait pas encore envoyé de notification personnelle confirmant la note du Journal Officiel, le Bien Public et l’Opinion Nationale parurent bravement malgré le décret de suppression ; ces deux feuilles se vendirent publiquement sur le boulevard où elles firent prime, naturellement, comme la Lanterne en 1868, « à la suite des pinarderies d’alors. » Quelques gardes nationaux, enflammés d’un beau zèle, s’avisèrent, sur la seule autorité de leurs uniformes, de saisir quelques exemplaires des feuilles rebelles dans les Kiosques et dans les besaces des gamins qui, en ce moment, faisaient des affaires d’or. Scandale imprévu : un sergent fédéré faillit être maltraité, des gardes furent hués et sifflés, une demi douzaine de gavroches passèrent la nuit au poste.

Le 5 mai, le Préfet de l’ex-préfecture de Police supprime le Temps, le Petit Moniteur, la France, le Bon Sens, le Petit National la Petite Presse et le Petit Journal. Aux considérants visés dans l’arrêté du 18 avril, s’en ajoute un autre, celui des représailles, car « le Gouvernement qui siège à Versailles interdit dans toutes les parties de la France la publication et la distribution des journaux de la Commune.

La plupart des journaux suspendus reparaissent, bien entendu, le lendemain avec un titre nouveau.

Aujourd’hui, le citoyen délégué à la Sûreté Générale, m’ayant rencontré, m’a fait l’honneur de me demander mon avis sur les mesures à prendre vis à vis de la presse hostile :

« La meilleure de toutes serait de remporter une bonne victoire contre les Versaillais. »

— « Mais cette victoire, ils la rendent impossible en divul-