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journal de la commune

Révolution française : ils ne dédaignent plus d’être les plus forts ; pour un coup de baïonnette, ils ne demandent qu’à en rendre deux, car ils ont accepté la bataille, la bataille pour leur droit.

C’est là que gît la fatalité, ce qui pénètre d’horreur les plus braves, remplit de dégoût les âmes sincères, c’est que dans la bataille, il n’est plus de droit, c’est que la guerre, même pour la justice, est la négation de toute justice. Toutes les lois de liberté, d’égalité, de fraternité, de morale, d’humanité sont violées quand deux hommes se jettent sur leur épée sanglante, quand deux armées s’enveloppent dans des tourbillons de mitraille, quand on se brûle les cervelles ; il s’agit bien alors d’un peu plus ou d’un peu moins de liberté de la presse, de liberté de réunion et de circulation. Ô Justice, que de crimes commis en ton nom !

Dimanche, 7 mai.

Le Philosophe du Devoir, le Pontife de la Religion Naturelle, Jules Simon, suintant des larmes comme une vieille tranche de gruyère rancissant dans un buffet, a eu l’autre jour un mot de cafardise sublime.

Avant d’être introduits auprès de M. Thiers, les francs-maçons, porteurs au nom de Paris d’un message de paix et de conciliation, avaient sollicité les bons offices de M. Jules Simon… L’entretien roulait sur la difficulté de croire aux promesses de M. Thiers qui a le génie du mensonge, de croire qu’il veut réellement le maintien de la République quand il ne s’entoure que de monarchistes et lance à l’assaut de Paris les généraux bonapartistes. — Alors M. Jules Simon fît un geste en roulant ses yeux vers le ciel : — « Hélas ! c’est une bien triste tâche que de conduire des Français contre des Français : Nous n’aurions pas voulu l’imposer à des chefs républicains, voilà pourquoi nous employons ces gens là.

Dimanche, 7 mai.

Le journal de MM. de Girardin et Détroyat, la Liberté de Saint-Germain, raconte comme la chose la plus naturelle que des représentants de Paris, amateurs de pittoresque,