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journal de la commune

lez-vous ! Ce bon M. de Bismarck ne pouvait faire autrement : les infâmes communeux l’ont mis dans l’obligation de veiller lui aussi au maintien de l’ordre en France et de la civilisation… Otez du discours de M. Favre le réquisitoire contre Paris, je ne sais pas trop ce qui en restera.

« L’Assemblée le sait, avant la fatale et criminelle insurrection du 18 mars, la France malgré ses malheurs pouvait ouvrir son cœur à l’espérance. De toutes parts nous venaient des témoignages d’intérêt, je pourrais même dire de respect. Nous pouvions espérer dans un temps très court, en exécutant la plupart de nos engagements, recouvrer la liberté de notre territoire, — l’Alsace et la Lorraine sont complètement effacées de cette mémoire — la liberté de notre travail, de notre action. (Donc M. de Bismarck ne vous a pas demandé un sou de trop).

« Malheureusement tout a été remis en question par les funestes événements de Paris. Il ne m’appartient pas de dire comment les dispositions de M. de Bismarck à notre égard ont été changées, vous le devinez. Dès ce moment, nous avons eu à lutter contre des pensées de défiance… On doutait de notre force. Il a fallu toute notre insistance pour conserver le douloureux mais précieux privilège de faire nos affaires nous-mêmes et de rétablir en France l’ordre et la paix qui ne refleuriront que par la ferme et sévère exécution des lois, c’est-à-dire le précieux privilège de prendre nous-mêmes Paris d’assaut en lieu et place des Prussiens et d’arroser de sang ces fleurs délicates de l’ordre et de la paix. (Applaudissements et cris d’enthousiasme de l’Assemblée.)

« Nous sommes parvenus à repousser ces défiances, mais cela n’a pas été sans angoisses. Très récemment encore, il était douteux de savoir si la paix serait maintenue… « Quoi, M. Favre vous seriez reparti en guerre, vous auriez réaffirmé que la France ne céderait ni un pouce de son territoire, ni une pierre de ses forteresses ? Quoi, M. le général Ducrot vous aurait répété qu’il ne reviendrait que mort ou victorieux ? Quoi, M. le général Trochu vous aurait de nouveau donné sa parole d’honneur que le gouverneur de Paris ne capitulerait jamais ? Quoi, cette immonde Assemblée se ruant à la paix comme porcs à l’auge, une colère patriotique l’aurait encore ameutée, on aurait trouvé une limite à