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journal de la commune

pas les moins sympathiques et réputés les moins intelligents de la Commune, a publié avant hier un manifeste annonçant que chacun de ses membres, rompant la solidarité avec la majorité, se retirait dans son arrondissement et se claquemurait dans l’administration de la mairie. La raison alléguée était que, par l’institution du fameux Comité de Salut Public, la Commune avait virtuellement donné sa démission entre les mains du Comité Central. La raison réelle était l’échec subi par la minorité dans le choix des membres de ce Comité et la révocation de la commission militaire sortie de ses rangs.

Cette manœuvre n’était pas très adroite, cette retraite pas très glorieuse ; elle pouvait même être fatale, non seulement à la majorité mais à la Commune entière.

La majorité n’hésita pas un instant et, par une note publique également, elle convoqua une séance extraordinaire pour le lendemain. Appel nominal devait être fait de tous les membres, et gare aux absents !

Intimidée, la minorité obéit à la sommation ; tête basse, elle rentra par la petite porte, et reçut humblement la rude semonce qu’on ne lui ménagea pas. L’honneur de personne n’a gagné à cet incident qui est fâcheux autant qu’une grosse perte de guerre. Les plus favorables à la Commune ne peuvent s’empêcher d’avouer qu’un Gouvernement qui agit de la sorte n’est pas à la hauteur de la situation. Une autre preuve que la Commune patauge misérablement, c’est qu’elle trouve le temps de discuter des propositions comme celles-ci :

Tous les citoyens âgés de dix-huit ans et toutes les citoyennes âgées de seize ans, qui déclareront devant le magistrat municipal qu’ils veulent s’unir par les liens du mariage, seront unis à la condition qu’ils déclareront n’être pas déjà mariés, ni parents jusqu’au degré qui est un empêchement légal. Ils sont dispensés de toute autre formalité, leurs enfants seront reconnus légitimes.

Tous les enfants naturels non reconnus sont adoptés par la Commune et légitimés.

Et encore :

Les titres de noblesse, armoiries, livrées, privilèges nobiliaires, et toutes distinctions honorifiques sont abolis. Les pensions, rentes, apanages et afférents sont supprimés.