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journal de la commune

ces hommes-là, si raisonnables, si complaisants, il y a six heures à peine qu’ils ont échangé des coups de fusil contre des coups de revolver, des coups de baïonnette contre des coups de couteaux-poignards… Quel roman invraisemblable !

Le lendemain, 23 mars, une proclamation nous annonce :


« RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Liberté, Égalité, Fraternité
« Chers concitoyens,

« Je m’empresse de porter à votre connaissance que, d’accord avec les députés de la Seine et les Maires élus de Paris, nous avons obtenu du Gouvernement de l’Assemblée Nationale :

« 1o La reconnaissance complète de vos libertés municipales ;

« 2o L’élection de tous les officiers de la garde nationale, y compris le général en chef ;

« 3o Des modifications à la loi sur les échéances ;

« 4o Un projet de loi sur les loyers, favorable aux locataires, jusques et y compris les loyers de 1 200 francs.

« En attendant que vous confirmiez ma nomination ou que vous m’ayez remplacé, je resterai à mon poste d’honneur pour veiller à l’exécution des lois de conciliation que nous avons réussi à obtenir, et contribuer ainsi à l’affermissement de la République.

« Le Vice-Amiral, député de Paris, Commandant en chef de la Garde nationale,

« SAISSET. »

Stupéfait, on lit et on relit ces affiches. Mais c’est trop beau vraiment pour le croire. Est-ce donc ainsi que le magnanime Thiers répondrait aux pillards de Belleville, aux meurtriers de Lecomte et de Clément Thomas, aux massacreurs de la place Vendôme ? C’est impossible ! C’est impossible !

D’ailleurs nous n’avons nulle connaissance que les dé-