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journal de la commune

répéter ce qu’il avait fait dire déjà plusieurs jours auparavant à la députation du Havre, également chargée d’une mission conciliatrice : « Je n’ai de temps que pour les affaires sérieuses, je n’en ai pas pour une conciliation qui est impossible entre deux termes inconciliables ». Cependant les délégués de l’Hérault purent joindre Picard, dont naturellement ils ne tirèrent rien de bon. À Paris par contre, ils ont été accueillis à bras ouverts.

Après eux, nous avons vu les députés de Lyon, car le congrès de Bordeaux ayant été interdit, les républicains de province en ont immédiatement convoqué un autre à Lyon qui s’est tenu le mardi, 16 courant. Voici les termes de l’appel :

« Il faut que la grande voix de la France s’élève et fasse taire enfin celle du canon.

« Assez de sang répandu, assez de ruines, assez de deuils ! Faudra-t-il donc que des Français consomment l’œuvre de destruction que la haine de l’étranger avait rêvée et qu’elle semble n’avoir laissée inachevée que pour nous réserver l’éternel remords de l’avoir accomplie.

« Paris n’est pas la Commune, mais, tout en désapprouvant ses excès, Paris veut les libertés municipales comme base de la République. La cause qu’il défend est celle de toutes les villes de France. Comment pourraient-elles ne pas intervenir dans un conflit où les intérêts les plus précieux sont engagés ? Quel esprit impartial pourrait soutenir que leurs tendances, leurs aspirations sont réellement représentées dans l’Assemblée ? Comment dès lors n’auraient-elles pas le droit et le devoir de faire entendre leurs vœux ?

« Ces vœux d’ailleurs ne sont-ils pas ceux du pays tout entier ? Les élections municipales qui viennent de s’accomplir peuvent-elles avoir un autre sens ? En dépit des terreurs que la guerre civile pouvait projeter sur le scrutin, ne crient-elles pas à l’Assemblée : paix et liberté ! C’est sous l’inspiration de ces pensées que Lyon a résolu de former dans son sein un congrès où il invite toutes les municipalités à envoyer des délégués. Ces délégués auront à se concerter sur les meilleures mesures à prendre pour faire cesser la guerre civile et affermir la République.