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journal de la commune

préférée victorieuse, nous la voulions vaincue. Maintenant qu’elle a été vaincue bien plus qu’il n’était nécessaire, nous sentons que nous l’aimons toujours, que nous l’aimons encore plus que jamais ; maintenant qu’elle n’est plus la République des nations, que l’ex-Grande Duchesse de Gérolstein, trahie par son chambellan, à moitié égorgée par son général Boum, empoisonnée par son Prince Paul, tourne vers nous son regard douloureux, il nous est révélé combien notre amour pour elle est doux, profond et tendre. « Mais il faut que tu t’amendes, il faut que tu veuilles renaître, que tu te fasses une vie nouvelle. — Sinon, meurs ! »

Paris veut la République, la vraie, et non pas une espèce de « Louis-Philippe qui, au dire de M. Thiers et de ses compères de la monarchie de juillet, était la meilleure des Républiques. » Nous avons déjà eu la république Thiers, Guizot, Falloux et Montalembert ; elle nous a donné les journées de Juin et la nuit de Décembre ; nous avons aujourd’hui la république Thiers, de Broglie, Favre, Picard et Simon ; nous l’avions à Bordeaux, nous l’avons toujours à Versailles, mais nous ne l’avons plus à Paris et nous n’en voulons plus. Que la France nous en débarrasse par une votation nouvelle, « que la charte devienne enfin une vérité », comme on disait du temps de Louis-Philippe, que la République qui, depuis le 4 Septembre, existe en droit seulement, existe en fait, ne serait-ce que dans des conditions humbles et modestes, mais qu’elle existe ! Nous sommes las de ces trahisons et de ces mensonges qu’on nous impose comme des préceptes de sagesse et des règles de bon sens. Nous n’admettons pas qu’en République, ceux qui crient : Vive la République ! soient jetés en prison comme perturbateurs de l’ordre social. Nous n’admettons pas qu’en République il faille avoir fait preuve de bonapartisme pour être officier général ou préfet de police, qu’il faille faire preuve de jésuitisme pour occuper les hautes fonctions de l’Université, faire preuve de légitimisme pour entrer dans la diplomatie, preuve d’orléanisme pour entrer dans les octrois, preuve de plate servilité pour être maintenu comme préfet, comme instituteur ou garde-champêtre.

L’Assemblée de Versailles est la conspiration en permanence des monarchistes de toute nuance contre la Répu-