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journal de la commune

cela, est-ce que M. Thiers aurait refusé d’entrer en pourparler, est-ce qu’il eût déclaré qu’un honnête homme ne peut descendre jusqu’à écouter ces pillards et ces assassins, est-ce qu’il eût lancé sur nous tous ses gendarmes à pied et à cheval, nous déchargeant leurs revolvers en pleine figure, est ce qu’il n’eût pas eu d’autres conciliateurs à nous envoyer que ses obus et ses bombes !

Et la Chambre, la Chambre de Versailles, que faisait-elle en ces occurrences ? Comment se comportaient les députés de Paris ?

Dimanche, la Chambre n’avait pas ouvert.

Le lundi, 3 avril. M. Thiers est venu annoncer des faits extrêmement satisfaisants : « Hier, l’armée a eu à soutenir un combat, — périphrase pour dire qu’elle a attaqué, — et ce matin, elle a été attaquée sur plusieurs points ; partout, les assaillants ont été repoussés avec une extrême vivacité, et mis aussitôt en fuite. Cette seconde journée est très heureuse. » Parmi les combattants, il distingue les malfaiteurs et les malheureux égarés. À ces derniers, il laisse espérer la bienveillance du Gouvernement, s’ils l’implorent en jetant bas leurs armes.

Cette mansuétude soulève les violentes rumeurs de la droite qui s’oppose à toute clémence. M. Thiers la calme un peu, en lui promettant qu’en aucun cas, il n’y aurait indulgence pour le crime.

Silence des représentants de Paris restés à l’Assemblée.

Mardi, l’Assemblée vote des remerciements enthousiastes à l’armée pour sa glorieuse conduite devant les murs de Paris.

On vient lire à la tribune les articles de deux représentants de Paris, dont l’un démissionnaire, afin que l’Assemblée autorise les poursuites.

Silence des représentants de Paris restés à Versailles.

Le ministre de la Justice fait entendre que la mise en accusation d’un représentant de Paris serait, en ce moment peut-être, inopportune et impolitique.

Protestations de la majorité, déclarant qu’il n’y a qu’une justice égale pour tous, et qu’il ne faut ménager ni Paris ni ses représentants.

On discute la loi sur les élections municipales. En face