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le pain

La partie essentielle des sacrifices gréco-romains consistait en offrandes de pains et gâteaux à Jupiter, Vesta, Junon, à tous les dieux et déesses. Pourquoi les leur offrir, sinon pour les leur faire manger, étant, bien entendu, que les dieux se bornaient à consommer la substance des aliments, substance qui leur parvenait sous forme de parfums et d’odeurs ?… Quelques citations prises au milieu d’une innombrable multitude :

« …Il s’approche en suppliant du sanctuaire de l’antique Vesta, portant un gâteau en offrande… »

« Il suffisait d’un petit pain pour apaiser les dieux… »

« La main innocente qui touche l’autel apaise aussi sûrement les dieux irrités avec un peu d’orge et quelques grains de sel que par des victimes de grand prix. »

Passons aux Hébreux :

« Ordonne aux enfants d’Israël et leur dis : Soignez les oblations qui sont ma vivande. Vous me donnerez les prémices de la moisson. »

« Le pain est ma nourriture. »

« Du pain sera toujours sur ma table. »

« Chaque sabbat, douze pains seront posés devant moi, de la part des enfants d’Israël. C’est une alliance faite pour toujours. »

« Et l’Ange de l’Éternel, le Dieu de paix mangea ce que lui apporta Gédéon : un chevreau, des gâteaux sans levain, une mesure de farine, de la viande dans un panier, du bouillon dans un pot. »

C’était même un formidable mangeur que Jahveh. En un seul jour, le roi Salomon étala devant lui vingt-deux mille bœufs et lui dépeça vingt-six mille brebis. La cuve appelée mer d’airain ne peut contenir tant d’holocaustes, gâteaux et graisses ; prodigieux appétits que nos théologiens ne nourrissent plus que de parfums et d’encens, que de louanges et d’exégèse spiritualiste.

Les rabbins et docteurs de la Loi contaient merveilles des grands festins qui se feraient à la table céleste en compagnie des anges, archanges et patriarches ; pour ces festins Dieu égorgerait les grands monstres Béhémoth et Léviathan qui fourniraient des montagnes de viande.

Cette question de l’alimentation des bienheureux dans le Paradis n’a pas mal embarrassé les Pères de l’Église. Saint-Épiphane a déclaré que, puisque la résurrection de la chair est