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cryptes.

chance de tomber, en un endroit perdu, sur la caverne d’Aknành, dont une loge ou confrérie avait fait son champ de repos. Ces sépultures, toujours reléguées au loin, étaient cachées en des falaises abruptes ou au sommet de collines à peine accessibles. Semblablement, M. Wiener, fouillant les antiques ruines du Pérou, découvrit dans une anfractuosité de roche plusieurs momies qu’on y avait cachées en se laissant glisser par des cordes, ou en descendant par des marches qu’on avait ensuite fait sauter. Les croyances analogues créent des pratiques analogues. D’Orbigny et Dall croient avoir remarqué qu’il répugne aux Aléouts de mettre les cadavres en contact immédiat avec le sol ; il ne serait donc pas exact de dire qu’on enterre les morts, puisqu’on les entoure de mousses sèches et d’herbes odorantes. Ils sont descendus dans une fissure de roc, ou hissés dans une manière de barque montée sur pieux. Les simples mortels sont accroupis, les bras autour des jambes, les genoux contre la poitrine, mais les braves baleiniers sont couchés de leur long, ou fichés debout, cuirassés dans une armure de bois, la tête cachée derrière un masque figuré, qui protège les vivants contre les yeux redoutables du mort : ces yeux, ces yeux funestes, il ne suffit pas de les fermer, il faut encore les aveugler. Était-ce le motif qui portait aussi des Assyriens, plusieurs Égyptiens[1], quelques Grecs — au moins ceux de l’antique Mycènes — à masquer leurs morts ? coutume qu’on retrouve chez les Denè Dindjié[2] et les nègres d’Australie, avec lesquels les Aléouts ont des ressemblances si nombreuses qu’il serait fastidieux de les signaler chaque fois.

  1. Ebers, l’Égypte.
  2. Petitot.