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les inoïts occidentaux.

sang, paraît correspondre à la psyché gréco-romaine, représenter l’espèce dans l’individu. Les Ombres restent dans Coudli un temps quelconque, — les unes davantage, les autres moins, puis rentrent dans le corps d’une femme, fréquemment avertie par songe, et renaissent sur terre. — Quant à l’Esprit, il opère la respiration, il constitue l’élément irréductible, le noyau de la personnalité. Par l’Ombre, l’homme fait partie intégrante de l’humanité ; par l’Esprit, il s’en distingue. Nul doute que ce souffle vivifiant des chamanes ne soit le « vent frais » des Égyptiens, le rouach de l’Ancien Testament, le pneuma du Nouveau, l’aura des stoïciens. Sorti du grand réservoir atmosphérique, il y rentrera. Tornasouk, l’Être Suprême, est appelé le « Seigneur des Brises[1] ». Ceux dont l’excellence native est prouvée par une activité hors ligne, vont s’associer aux autres Esprits qui demeurent par delà le firmament, sphère solide comme son nom l’indique, calotte circulaire qui a la dureté et la couleur transparente de la glace bleue, et qui tourne autour d’une montagne prodigieusement haute, un Mérou situé tout au fond des régions polaires. Les Esprits, qui ont appartenu aux hommes heureux et intelligents par excellence, vont se mêler aux étoiles ; car tous les astres furent des Inoïts. Quant au « moi » des lâches, quant à celui des méchants sorciers, la tempête les balaie et les pourchasse ; le vent apporte leurs gémissements. Ils peuvent s’obstiner dans leur déchéance, empirer leur misère, mais cela ne les mènera pas loin, car ils tombent alors dans la stupidité, perdent le sentiment et finalement l’existence ; l’air dont ils se composaient rentre en des substances nouvelles.

  1. Sille minua, Sille nelegak.