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la plèbe monte au ciel.

secouées et culbutées par les intempéries, en danger d’être entraînées dans les tourbillons des espaces célestes. Toutefois, quelque bonne aubaine leur arrive de temps à autre ; par aventure, les pauvrettes se donnent de l’agrément ; dans les aurores boréales leurs innombrables multitudes courent et bondissent à travers les cieux, rapides comme l’éclair. Divisées en deux camps, on les a vues pousser, de-ci de-là, une tête de cétacé qui leur servait de balle. Même elles se livrent de terribles combats, leur sang tombe alors en flocons de neige, car elles n’ont pas dans les artères la belle liqueur vermeille des vivants, mais une lymphe froide et blanche. Quelle bataille dans les airs, quand sur le sol la neige s’amoncelle ! Physiciens de même force,

« les Indiens des Pampas ont appris, de source certaine, que dans la céleste demeure de Pillan, leurs guerriers jouissent d’une ivresse qui serait éternelle, si elle n’était interrompue par des chasses splendides, dans lesquelles ils tuent tant et tant d’autruches que les plumes tombant en amas, forment les nuages au-dessus de nos têtes[1]. »

Des chamanes de haut vol, les Platon et Thomas d’Aquin aléouts, ont donné corps à ce catéchisme rudimentaire, l’ont développé en un système subtil et compliqué :

Après le dernier soupir, l’organisme se décompose en ses éléments premiers, mais le cadavre garde quelque sensibilité aussi longtemps qu’il conserve sa forme. L’âme, ténue et transparente comme l’air, mais d’aspect tant soit peu grisâtre, se dédouble en Ombre et en Esprit : la première se rend dans la demeure souterraine, le second dans les espaces aériens. Si nous interprétons correctement nos textes, l’Ombre des Hyperboréens, vapeur du

  1. De Moussy, Confédération argentine.