50 de biche, 100 de phoque, 200 de castor, 500 de zibeline, et de nombreuses couvertures. Après quoi, l’hôte et l’hôtesse dépouillèrent leurs costumes, dont ils firent aussi présent, se rhabillèrent avec des guenilles, et pour terminer firent une petite harangue : « Nous vous avons témoigné notre affection. Maintenant nous sommes plus pauvres qu’aucun de vous et ne le regrettons pas. Nous n’avons plus rien. Votre amitié nous suffit ! »
Chacun fit un geste de remerciement, et se retira en silence. La fête avait coûté quinze années de travaux, d’économies et de privations[1]. La famille n’avait pas tout perdu, puisqu’elle avait gagné l’estime et la reconnaissance de ses concitoyens ; ce qu’elle avait dépensé matériellement lui était rendu en honneur et en considération. Qui a montré tant de munificence et de générosité, devient une sorte de personnage consulaire, est consulté dans les cas difficiles, et lorsqu’il a parlé, nul ne se permet de contredire[2].
Et leur hospitalité ! Ceux qui arrivent du dehors se mettent au chaud, sous la même couverture que ceux du dedans. Hall raconte avec émotion, comment un jour qu’il était revenu tout transi, une vieille maman prit ses pieds glacés, et après les avoir bien frottés, les mit dans sa gorge pour les mieux réchauffer.
À part les vices et dérèglements sexuels, ces braves gens ont réalisé l’idéal ébionite. Ce sont vraiment les « pauvres », les « simples de cœur », dont l’Imitation de Jésus-Christ prêche l’exemple ; « les gueux » de Béranger, « les gueux qui s’aiment entre eux ».
Qui a, partage avec qui n’a rien. L’affamé, sans mot