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le pays et l’habitant.

millier de pieds et larges d’autant, qu’ont érodés les eaux. Au-dessus des plateaux s’élèvent de nombreux pics détachés, très escarpés, excessivement froids en hiver ; pour la plupart émergeant de forêts, refuge des hommes et des bêtes. Pendant une dizaine de mois, du haut d’un ciel sans nuage, le soleil verse des ardeurs torrides sur le sable de la plaine et le roc de la montagne, puis, à l’entrée de la nuit, le froid tombe subitement des étoiles. Les violents écarts de température provoquent des bouffées de vent qui soulèvent des tourbillons d’une poussière alcaline, irritant les yeux et les poumons. Pendant quinze jours en avril et six semaines en octobre-novembre, les pluies tombent en cataractes, et bientôt après les fissures des rochers et des dépressions de terrain fleurissent et verdoient. Les mouflons, les antilopes[1], les cerfs, sortent de leurs retraites et derrière se glissent les coyotes, l’ours, le loup hyène, et l’Apache, redoutable aux hommes et à tous les animaux.

C’est une belle bête féroce que l’Apache, au moins que les Apaches granivores, ou plutôt omnivores. Les Navajos, les Mohaves, les Comanches, qui se donnent une nourriture assez variée, grâce à leur agriculture naissante, sont presque tous hauts de six pieds, les femmes n’étant pas de moins belle venue. La poitrine et les bras vigoureusement musclés, les extrémités fines, des traits souvent agréables, de grands yeux d’un noir brillant, d’un éclat singulier et d’un pouvoir de vision vraiment extraordi-

  1. Antilocapra americana, Beard.