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les apaches.

naire, la figure assez large, constituent un superbe ensemble. Le teint parcourt toutes les nuances du brun clair au brun foncé en passant par le brique rouge ; les cheveux sont noirs, et, détail à noter, la barbe n’est pas mal fournie. On les a souvent donnés pour les plus beaux échantillons de l’espèce humaine.

On n’en dirait pas autant des Apaches proprement dits, presque exclusivement carnivores, et qu’on nous donne pour laids et désagréables : masque impassible, traits ridés et flétris ; figure large, nez aplati, pommettes saillantes, bouche trop fendue, lèvres minces, regard de travers. Les yeux légèrement obliques et dont l’éclat vitré rappelle ceux du coyote, sont plus brillants que ceux de la plupart des Indiens du nord. Les cheveux d’un noir mat, jamais peignés, retombent sur les épaules en soies épaisses ; autrement, ils sont à peu près glabres. À côté de leurs grands voisins, ils paraissent rabougris, leur taille moyenne n’étant que de cinq pieds cinq pouces.[1]

Les cactus mettent un cheval ou un mulet tout en sang, avant d’entamer l’Apache. Son tégument épais le rend peu sensible à l’action des intempéries. Par le soleil le plus ardent, ils vont et viennent sans aucune protection ; mais quand ils ont le loisir de prendre leurs aises, ils s’enveloppent, à la mode des Australiens et Andamènes, la tête d’une calotte de boue qui leur procure une agréable fraîcheur et les débarrasse de la vermine ; pour les mêmes raisons, ils s’enduisent le corps d’une couche fangeuse. Ils se donnent généralement des mocassins, modeste luxe, pour se protéger les pieds contre les épines, et à cet effet, la forte semelle remonte en pointe large et

  1. La taille de dix-huit Apaches et Tontos, mesurés par Ten Kate, variait entre 1,67m et 1,84m. Société Anthropologique, Bulletin, 1883.