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les apaches.

feuillage, qu’on recouvre de peaux, gazons et pierres plates. Dans la rude saison, nos sauvages se réfugient volontiers dans les cavernes, où ils font de grands feux, et tout en sueur, se couchent sur la pierre fraîche, ce qui leur vaut d’être décimés par les rhumatismes et les pneumonies[1] ; une large blessure leur serait moins dangereuse. Ils ne se trouvent à leur aise qu’à l’air libre ; ils se sentent oppressés sous un toit, enfermés entre des murailles ; ils ne jouissent réellement de la vie que dans leurs expéditions. Quand les nuits sont trop froides, le vent trop glacial, ils se recroquevillent dans un enfoncement, ou fouissent un trou pour y dormir quelques heures.

Jadis, les bisons abondaient dans toute l’Amérique du nord ; en troupeaux innombrables, ils parcouraient le continent depuis le Grand Lac des Esclaves jusqu’au golfe de Floride. Mais aujourd’hui la carabine du blanc les a exterminés dans toute la partie du midi, fortement entamés dans les régions septentrionales, et, par cela même, affamé les populations qui s’en nourrissaient. — « Tuez les bisons, disait un gouvernant des Visages Pâles, vos balles feront ricochet sur l’Indien. » Si bien que l’Apache est réduit le plus souvent à « la petite chasse ». Son arme la plus dangereuse est l’indomptable patience avec laquelle il immobilise son corps brunâtre derrière des roches ou des broussailles grises[2]. On les a vus se couvrir de mottes herbues qui les transformaient en un bout de prairie ; au milieu de yuccas se déguiser en yuccas ; en rase campa-

  1. Helfft, Zeitschrift für allgemeine Erdkunde, 1858.
  2. Crémony.