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voleurs par profession.

le moins possible, le peuple s’en tient volontiers à la famille régnante. Les Khonds vénèrent un Dieu Terme. Chaque année, les clans s’assemblent sur une montagne, aspergent de sang le sommet, implorent du Dieu Soleil qu’il les maintienne tels qu’étaient leurs aïeux, le supplient de leur donner des enfants semblables à leurs pères, Tels quels, ils se trouvent parfaits.

Plusieurs tribus ont pris carrément, — honnêtement, allions-nous dire — la profession du vol ; elles ne s’en cachent point ; leurs hommes brigandent sur les chemins et détroussent les gens en bonne conscience.

Le pays nous appartenait. Des conquérants nous l’ont arraché. Les alléger, maintenant, de quelque bagatelle, où serait le mal ? Nous aurons beau faire, nous ne rentrerons jamais dans notre bien !

Curieuse circonstance : certains s’engagent comme policiers et gendarmes, louent leurs services pour surveiller, sur les routes et le long des clôtures, les agissements de leurs pères, les allées et venues de leurs oncles, frères et cousins : ce qu’ils font sans faiblesse et avec une exactitude irréprochable. Les familles se disjoignent, les membres tirent au hasard ; les uns pour braconner, les autres pour faire le métier de garde champêtre. Pourvu qu’ils gagnent leur vie, ils n’imaginent point qu’il y ait vertu à défendre la propriété, crime à l’attaquer ; deux avocats plaidant, l’un pour la veuve, l’autre contre l’orphelin, n’y mettent pas plus de bonhomie, Pas de sot métier, pourvu