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les kolariens du bengale.

qu’il nourrisse son homme. Nul qui les blâme en un pays où les Brahmanes déclarent bonnes toutes les religions, pourvu qu’on les suive, ordonnent que chacun continue le métier de ses pères ; voleurs et pillards pour commencer[1].

Douanier ou contrebandier, il n’en chaut pas davantage au paysan de nos frontières, qui, pour une bouffée de tabac, donnerait l’économie politique et tous les économistes, la doctrine et les doctrinaires. Maraudeur et filou, il fait bon l’être, alors que jeune, souple, hardi, entreprenant, on est dans la plénitude des moyens physiques ; mais il vaut mieux vaquer à la répression, se retirer dans les fonctions officielles, quand l’âge mûr vous fait moins agile et ingambe, plus prudent et avisé, et quand on connaît, pour les avoir pratiqués soi-même, les trucs et cautèles des coureurs de blocus. Il est dans l’idéal, c’est-à-dire dans la destinée vraiment normale du brigand, de finir commissaire. Pourraient en témoigner les Arnautes, les Palikares, et l’illustre Vidocq. Ils se font la main à leurs risques et périls, et quand ils sont passés maîtres, l’administration les engage. C’est parmi les Bhils et les Poligars, les Koukies et Paharias que le gouvernement anglais recrute de préférence les bataillons de police[2].

Les Bhils des monts Vindhya, de même que les Maravers de la province de Madoura dans le Tinevelly, se sont donné la double spécialité du policier et du truand ; ils inquiètent les routes et les pacifient. Joseph Prudhomme leur emprunta le fameux sabre, avec lequel il défend nos institutions, et les détruit au besoin. Il sortait de leurs rangs, Jean Hiroux qui rabrouait un gendarme incivil : — « Hé ! le tricorne, respect à l’ancien ! De quoi donc vivrait la

  1. Journal des Missions évangeliques, 1838.
  2. Rowney.