Page:Reclus - Les Primitifs.djvu/358

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
338
les kolariens du bengale.

Par suite des suppressions opérées, les survivantes faisaient prime sur le marché matrimonial de Khondie, jouissaient d’une haute considération dans les relations publiques et privées. On affirme — est-ce vrai ? — qu’elles s’entétèrent plus que leurs maris à garder la coutume cruelle.

Pour se délasser des travaux agricoles, nos indigènes s’adonnent aux plaisirs de la chasse ; après avoir manié la pioche et la charrue, ils soupirent après les terribles excitations de la guerre, qui sort de l’habitude quotidienne et secoue violemment. Ce besoin d’émotion, ils le passent d’abord en ivresse, en danses échevelées, mais, par intervalles, le tempérament exige davantage. Alors ils croient indispensable de se mesurer avec des rivaux de leur taille : histoire de montrer force et vaillance, de raviver l’orgueil, et de rafraîchir l’éclat de l’antique gloire. Se tuer entre frères, instinct de haute animalité. Bien que les races inférieures soient douées pour la plupart d’énormes pouvoirs de prolification, elles ne multiplient pas outre mesure, étant la proie les unes des autres et des espèces supérieures. Celles-ci déborderaient si elles ne se faisaient concurrence à elles-mêmes, si elles ne veillaient avec une rigueur inflexible et une sévérité cruelle à ne pas dépasser un certain niveau. Au début de son existence, l’animal de haute lignée, faible encore et exposé à mille périls, paye à la mortalité le tribut qu’exigent la croissance, l’acclimatation, les divers apprentissages. Belle victoire déjà que d’arriver sain et sauf à l’âge adulte. Immense succès que d’avoir surmonté mille et mille attaques dont chacune pou-