Page:Reclus - Les Primitifs.djvu/413

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


CONCLUSION


Ainsi les meriahs pouvaient, hier encore, être observées sur place, débris vivant d’une religion préhistorique. Les évolutions par lesquelles l’humanité a passé dans le temps se répètent dans l’espace. Dans les replis et recoins du labyrinthe que forment les montagnes et les vallées, avec leur multiplicité de climats et d’expositions, sous l’action des vents secs ou humides, la flore intellectuelle des périodes antérieures se retrouve éparse, mais assez complète. Les siècles se survivent, se pénètrent les uns les autres. La petite goutte de rosée, la plus petite, reflète tout un paysage, de même notre individu, de mince durée pourtant, peut assister à la longue procession des âges, se faire contemporain des temps écoulés et des périodes futures : — il n’y a qu’à voir et regarder autour de soi, il n’y a qu’à comprendre.

Ces Khonds, ces Todas et Badagas, ces Apaches, ces Esquimaux, on les dédaigne comme n’étant que des peuples enfants, on les méprise comme n’ayant que les rudiments de l’intelligence et de la moralité. Mais c’est précisément par leur intelligence enfantine et leur moralité rudimentaire qu’ils devraient exciter l’intérêt. Les