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conclusion.

grands hommes, les sages et avancés, ne représentent que leur personnalité ; les individus supérieurs ne sauraient nous enseigner autant que les plus faibles et les plus humbles qui nous montrent l’humanité à ses débuts. Les naturalistes estiment les infiniment petits au moins à l’égal des infiniment grands ; les infusoires, les mucosités, les ferments, les pourritures, attirent leur pensée autant que les systèmes solaires, que les trajectoires des comètes, et les tourbillons constellés. Pour le moraliste, non plus, il n’est pas être trop vil, car le plus misérable des hommes est encore son frère, os de ses os et chair de sa chair. Dans notre espèce, il n’est grandeur, il n’est bassesse dont nous ne soyons solidaires. Ne nous a-t-on pas raconté que Newton vit tomber une pomme et se demanda : Pourquoi ? — « En y pensant, » il vit s’ébranler la multitude confuse des étoiles ; de tous côtés, elles se portaient sur la Voie Lactée, s’y engouffraient, se décomposaient et se recomposaient. Deux mots flamboyèrent sur les obscures profondeurs de l’espace immense : gravitation universelle.