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mariage.

Des masques dont il a été parlé, ils affublent les filles quand elles deviennent nubiles, époque critique pendant laquelle on les claquemure à distance des habitations et on les soumet à une hygiène et une alimentation spéciales. Les Koloches renchérissent sur ces précautions, et les enferment dans des cages d’osier. De grotesques couvre-chefs les empêchent de voir et d’être vues ; on craint que le regard, le seul regard de ces malheureuses souille même la lumière du jour, et enguignonne tout et tous autour d’elles ; on a l’air de les considérer comme des vampires.

Ce peuple passe pour s’être élevé jusqu’au mariage. Soit ! mais quel mariage !

En Aléoutie, les parents les plus proches contractent union, le frère avec la sœur, et parfois le père avec la fille. — « Langsdorf en faisait reproche à un Aléout qui répondit : « Pourquoi pas ? les loutres en font autant ! »

Le galant se présente avec un cadeau — quelque bagatelle — chez les beaux-parents qui font signe à la belle de suivre le jeune homme. Affaire conclue. En plusieurs districts, — notamment dans l’île d’Ounamartch, — les femmes servent de monnaie courante, règlent les ventes et achats. « On a livré tant de renards bleus, tant de zibelines, cela vaut tant et tant de femmes. » Bien entendu que cette monnaie n’est plus que conventionnelle. Pour faire marché et payer les différences, pas besoin n’est d’avoir un troupeau féminin derrière soi.

Un mot suffit pour établir contrat, un mot pour prononcer divorce, les enfants suivant la mère, ou étant