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ix

Je vole avec Choiseul aux campagnes d’Athène,
Je revois l’Ilissus, Lesbos et Mitylene ;
Plein de grands souvenirs, j’admire ces beaux lieux
Pays natal des arts, des héros et des Dieux.
Je te revois, désert où régna Zénobie,
Toi, surtout, sol sacré de la belle Ausonie.
Tout parle de valeur, de génie ou d’amour ;
Tout m’enchante, et, du fond de mon heureux séjour,
Voyageant à mon gré sur la terre et sur l’onde,
J’habite, j’étudie et je parcours le monde.
O charmes de l’étude ! ô précieux trésors,
Employés sans regrets comme acquis sans efforts,
Embellissez toujours ma paisible retraite,
Et venez enrichir les veilles du poëte.
Vous dont j’entends les chars, roulant partout le bruit,
Fatiguer vainement le calme de la nuit,
Allez, heureux du jour, enfans de la folie,
Qui sans vivre jamais prodiguez voire vie,
Allez chercher en vain, tourmentant vos désirs,
Dans des plaisirs nouveaux le repos des plaisirs :
Je ne puis envier vos brillantes conquêtes,
Vos voluptés sans fin, et ces jeux et ces fêtes
Où la jeunesse ardente en ses folles amours
D’un bonheur à venir déshérite ses jours.
Que je me trouve bien sous cette voûte obscure,
Sous ces voiles épais qui couvrent la nature !
Que tu l’as bien connu, que tu l’as bien chanté
Ce charme du silence et de l’obscurité,
Poëte d’Albion, dont la voix éloquente
Plaignait, près des tombeaux, l’humanité souffrante,
Et, rendant immortels des soupirs et des pleurs,
Exhalait eu beaux vers tes nocturnes douleurs !
Père, époux malheureux, du-moins la poésie
De ton double veuvage a consolé ta vie ;
Du-moins, eu redisant à ces tombeaux muets
Tout ce qu’ils t’ont coûté de pleurs et de regrets,
Par ses accords si beaux ta lyre funéraire
A donné quelque charme à ton cœur solitaire.
Quel est donc de cet art le pouvoir souverain,
D’amener les plaisirs, de chasser le chagrin,