En vain tonnaient d’horribles lois :
Verdun se revêtit de sa robe de fête,
Et, libre de ses fers, vint offrir sa conquête
Au Monarque vengeur des Rois.[1]
Alors, vierges, vos mains (ce fut là votre crime)
Des festons de la joie ornèrent les vainqueurs.
Ah ! pareilles à la victime,
La hache à vos regards se cachait sous des fleurs.
Ce n’est pas tout : quand, pour sauver la France,
Nos bannis, affrontant la mort et l’indigence,
Combattaient nos tyrans encor mal affermis,
Vous avez plaint de si nobles misères ;
Votre or a secouru ceux qui furent nos frères,
Et n’étaient pas nos ennemis.
Quoi ! ce trait glorieux, qui trahit leur belle ame,
Sera donc l’arrêt de leur mort !
Mais non : l’accusateur, que leur aspect enflamme,
Tressaille d’un honteux transport.
Il veut, vierges, au prix d’un affreux sacrifice,
En taisant vos bienfaits, vous ravir au supplice ;
Il croit vos chastes cœurs par la crainte abattus.
Du mépris qui le couvre acceptez le partage ;
Souillez-vous d’un forfait : l’infâme aréopage
Vous absoudra de vos vertus.
Répondez-moi, vierges timides :
Qui d’un si noble orgueil arma ces yeux si doux ?
Qui fit rouler dans vos regards humides
Les pleurs généreux du courroux ?
Je le vois à votre courage :
Quand le lâche oppresseur dont la voix vous outrage
- ↑ Verdun brûlait d’ouvrir ses portes au roi de Prusse. L’intrépide commandant résista durant trois jours aux instances des habitans et aux menaces de Frédéric-Guillaume. Forcé, enfin, de capituler, il se brûla la cervelle.