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Page:Recueil de la Société d’agriculture du département de l’Eure, série 4, tome 5, 1881.djvu/437

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erreur se rencontre ; mais l’acte de baptême de notre auteur, inscrit sur les registres de la catholicité de N.-D. de la Couture de Bernay, ne peut laisser aucun doute sur ce point.

Son père, qui avait été anobli par lettres patentes du 9 août 1719, était conseiller du Roi, receveur des Gabelles à Bernay, charge qui semble avoir été héréditaire dans la famille, car nous la voyons passer de père en fils dans trois générations successives, notre auteur ayant succédé à son père et lui-même ayant transmis cette charge à l’un de ses fils.

Bréant fit ses études à Rouen, au collège des Jésuites, où il se distingua par de brillants succès. Dès cette époque il révéla son goût pour la poésie par une traduction en vers latins des odes d’Anacréon, dont il sut, malgré la difficulté du rythme, conserver la mesure avec une rigoureuse exactitude.

Les Jésuites étaient alors considérés comme l’un des corps enseignants où le niveau avait atteint le degré le plus élevé et cette réputation attirait dans leurs établissements tout ce qu’il y avait de distingué dans la noblesse de robe ou d’épée, comme dans la haute bourgeoisie où l’on recherchait pour la jeunesse un enseignement tout à la fois moral, religieux, scientifique et littéraire.

Ce fut là que Bréant se rencontra et se lia d’amitié avec Linant, son émule et son compatriote, car Linant appartenait aussi à la Normandie.[1] Entraînés l’un et l’autre par un penchant naturel vers la littérature, condisciples dans leurs études, rapprochés par l’âge et la similitude de goûts et d’idées, ils ne tardèrent pas à s’unir étroitement et se prêtant un mutuel concours, ils firent ensemble une petite pièce intitulée : Le Quadrille, qui fut jouée avec succès sur le Théâtre de Rouen ; mais Linant, qui avait du goût, de l’esprit, de l’imagination, qui remporta successivement trois couronnes académiques, aimait peu le travail ; naturellement enclin à la

  1. Linant était né à Louviers en 1708.