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Page:Recueil de la Société d’agriculture du département de l’Eure, série 4, tome 5, 1881.djvu/439

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droit. Il s’était présenté et avait plu à Voltaire qui écrivait à Cideville quelques jours après : « J’ai vu votre petit Brehant. Il est charmant, il est digne de votre amitié et de petits vers, qu’il m’a montrés, sont dignes de vous… » [1]

Or, Voltaire faisait grand cas des vers de Cideville qu’il avait pu apprécier non seulement dans sa correspondance qui en était souvent ornée, mais surtout pendant son séjour à Rouen lorsqu’il y fit imprimer clandestinement son histoire de Charles XII.
Cideville avait été fort satisfait de l’accueil fait par Voltaire à son protégé, il s’empressa de manifester à son jeune ami le plaisir qu’il en éprouvait. C’est de M. de Voltaire, Monsieur, que j’ai appris que vous étiez à Paris. Il m’a paru extrêmement content de vous connaître. Je lui ai parlé de vous en lui détaillant nos richesses et les ressources que nous avons en province.

J’avois assés prôné d’avance
Vostre cœur et vostre air charmant,
Et ce don de vostre naissance
Ce tour qui fait heureusement
Réduire en vers ce que l’on pense
Mais vos vers et vostre présence
En ont plus dit assurément
Et près l’Apollon de la France
Honorent mon discernement. [2]

Nous avons dit que Bréant était à Paris pour y faire ses études de droit, de Cideville, qui aimait mieux les vers que le droit, tout conseiller qu’il était au Parlement de Normandie, l’aurait volontiers fait abandonner les Cours pour se livrer sans partage au culte des Muses. « Adieu, lui disait-il, en terminant sa lettre, aimès-moi, écrivès-moi et regardés les Cours comme des balivernes, faites de jolis vers et m’en faites part, adieu, je vous embrasse de tout mon cœur. »

  1. Lettre de Voltaire à Cideville du 29 avril 1735. (Œuvres complètes de Voltaire, correspondance générale).
  2. Lettre de Cideville à Bréant du 1er juin 1735.