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Page:Recueil de la Société d’agriculture du département de l’Eure, série 4, tome 5, 1881.djvu/440

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Bréant, avec raison, ne suivit point les avis de Cideville, il fit encore de jolis vers mais tout en continuant de suivre les cours de la Faculté.
Atteint vers cette époque d’une maladie d’estomac longue et douloureuse, il tomba dans un état de tristesse, de langueur et d’ennui qu’il décrit dans l’une de ses pièces :


Tout m’ennuie et me chagrine.
En vain je voudrais fuir l’ennui qui m’assassine,
Je respire partout son funeste poison.

Le mal s’aggravant malgré les soins dont il était entouré, il fut pris d’un profond découragement et perdit un moment tout espoir de guérison.

Tout dépérit ; le corps, l’esprit et la raison,
C’est ainsi qu’une fleur nouvellement éclose
Qui d’une dent perfide a reçu le poison
Sèche malgré les soins de la main qui l’arrose.

Mais il était à l’âge où la nature a des ressources infinies pour vaincre le mal. Après un mois de souffrances pendant lequel il n’abandonna point le culte des Muses, il revint peu à peu à la santé et reprenant sa gaieté avec l’espoir de vivre, il composa la petite pièce suivante, jeu de mots et d’esprit, qui contient la recette de son traitement :

A mon estomac délicat
Je ne permets pour nourriture
Que du riz et du chocolat
Que j’arrose de belle eau pure.
Ainsi depuis un mois je vis
D’eau, de chocolat et de riz
Et si mon mal d’estomac dure,
Je vivrai jusques au tombeau
De riz, de chocolat et d’eau.

Ses études de droit étaient sur le point d’être terminées et bientôt il allait retourner en province. Cideville, qui avait